Les sondages archéologiques effectués autour de la Chapelle des Pénitents noirs (ancienne chapelle Saint-Michel) ont révélé la présence de plusieurs inhumations corroborant ainsi la connaissance que nous avions jusque là du site, uniquement par les écrits. C'est en effet une charte du cartulaire de Saint-Victor, datée de 1035, qui pose l'existence d'un lieu de culte dédié à Saint-Michel "in territorio ville Albanie" sans pouvoir toutefois le situer précisemment. Il faut attendre pour cela 1551 et une délibération des syndics autorisant les "fraïres bactus de la cazetto novellamen rellevado en la presente villo d'Aubagno et non aultramen, de intrar dintré la capello du Sanct-Michel per y faïre lur devoction".
Cette chapelle Saint-Michel apparaît donc comme le premier lieu de culte des Aubagnais, implantée au sommet de la butte aubagnaise protégée naturellement par l'Huveaune au nord et à l'ouest puis par le Merlançon au sud. Le texte de 1035 fait part d'une récognition (confirmation) par le vicomte de Marseille, Guillaume II, de l'obédience Saint-Michel donnée "de longue date" aux moines de l'abbaye de Saint Victor par son père Guillaume 1er. La mort de ce dernier, en 1004, donne un terminus ad quem à cette donation qui concerne la chapelle mais également les champs cultivés et incultes, les vignobles, les pâtures, les jardins, les garrigues… Les sources écrites disponibles nous permettent de faire remonter avec certitude l'occupation du site à la fin du Xème siècle qu'en serait-il du mobilier archéologique découvert in situ lors de prochaines fouilles programmées ? Pourrait-on relier définitivement cette zone d'inhumation avec le lieu de culte primitif de la villa en d'autres termes : est-ce le premier cimetière paroissial d'Aubagne ? Peut-on le dater plus précismment ? Jusqu'à quelle période a t-il été utilisé comme tel ? Son abandon correspond-il à celui de la chapelle autour du XIIIème siècle ou bien les inhumations ont-elles perdurées ?
Par ailleurs, élargir les fouilles à l'intérieur de la chapelle actuelle permettrait-il de retrouver les fondations de la chapelle primitive? Nous renseigner ainsi sur ses dimensions, son aspect, sa datation et au-delà de çà pouvoir extrapoler sur l'importance démographique de la première communauté villageoise, lever les questionnements sur l'organisation religieuse et sociale du terroir. Qui étaient ces gens ? L'étude anthropologique des corps nous renseignera sur le sexe, l'âge, le statut social, l'état de santé des aubagnais inhumés autour de la chapelle.
Au-delà de pouvoir étayer certaines hypothèses quant aux origines historiques et topographiques de notre ville, les découvertes viendraient compléter les connaissances générales sur les cimetières urbains en Provence et les rites funéraires pratiqués autour de l'an mil. Nous ne pouvons que soutenir l'idée d'une fouille du site.