Rencontre avec la pierre gravée sur les chemins du Garlaban

Quelques minutes de marche après la grotte du Plantier (Manon), par la piste: plusieurs grandes courbes et dans la dernière de celles-ci se trouvent à notre gauche quelques petits " pins d'Alep".

C'est à cette hauteur que se trouve " la pierre gravée ".

Nous quittons la grande piste et marchons dans la garrigue. Sur notre gauche, environ à une centaine de mètres plus loin,  nous trouvons quelques roches plates. Parmi ces roches, il y en a une de couleur légèrement ocre qui porte des gravures.  Elles datent de novembre 2006 pour les premières.

Si vous avez lu mon premier livre intitulé " Mon Garlaban à moi " qui se trouve à la bibliothèque Marcel Pagnol, vous savez sans nul doute, combien je suis attaché à nos chères collines, vous savez combien est cher à mon coeur notre vieux rocher du Garlaban que je considère un peu comme mon " vieux grand-père ", alors n'est-il pas normal de dessiner pour son grand-père bien-aimé, quelque chose qui représente la Provence dans son âme la plus profonde et qui restera, peut-être gravé, pour plusieurs années...

L'art de la gravure dans la pierre m'était totalement inconnu, mais ce que je fais, je le fais avec amour et conviction...

Toujours ! Alors, armé d'un simple burin et d'un gros marteau, je me suis attaqué à la roche dure pour y graver ce qui pour moi représente dans son intégrité, notre chère et belle Provence.

Après de nombreuses heures de travail solitaire, à genoux, et quelques ampoules aux mains, ma première gravure était terminée.

Si elle n'est pas parfaite, elle a la naïveté des dessins d'enfant, ceux qu'ils dessinent avec amour pour leurs parents et dans lesquels ils mettent tout leur coeur...

Le tout premier fut " La Rose des vents ", ensuite " L'Ecusson " aux armes de la Provence, " Le Berger " et ses deux moutons surmonté de sa flamme puis une courte strophe d'un poème de Charles Baudelaire intitulé " Elévation ". Ensuite vint " La Garçaille " la vielle ville, le coeur même d'Aubagne et pour finir, j'ai tenu absolument à graver le visage de " Marcel Pagnol ", ce fut terminé en 2008.

Avant d'entreprendre mes gravures, j'ai longuement cherché à savoir si le terrain sur lequel se trouve la roche que j'avais choisie appartenait à quelqu'un, auquel cas j'aurais pu demander la permission .mais je n'ai rien pu savoir, alors j'ai pris la décision de graver la roche que j'avais sélectionnée, assez loin de la piste, mais pas trop, assez cachée pour rester secrète, mais pas trop... me disant qu'après tout, personne ne se plaint des horribles " tags " qui gâchent ça et là le paysage...

Alors, qui se plaindrait d'une rose des vents de Provence ou d'un berger vêtu de sa grande cape et de son chapeau qui, appuyé sur sa canne,  regarde pour l'éternité en direction du Garlaban ?

Quelque soit le propriétaire à qui elle appartient, mes gravures lui appartiennent désormais et j'espère qu'il saura voir la marque d'un véritable amoureux de nos collines d'Aubagne.

Permettez-moi de vous rappeler que même les pierres, en Provence, parlent à ceux qui savent les entendre...

Et voici une strophe d'un poème d'Annie Marin :

"La vie anime la colline,

Les oiseaux fêtent le printemps!

L'étoile indique une brise câline,

Le berger regarde Garlaban."

Louis Douard,

Aubagne le 12 Avril 2010.